mise en forme
mots
clés ou mots associés:
archives,
collection, accumulation, traduction des faits en mots, infini,
traduction des mots en pensées, une image du monde
J'ai
entrepris de donner forme à ce projet à la suite d'une étude
qui nécessitait de collecter des articles de journaux pour en
faire une analyse de contenu. A l'occasion je me suis constitué
une réserve de matériaux. Si j'utilise encore le terme de projet
c'est que je souhaite lui laisser le plus longtemps cette
dimension, même s'il est déjà en cours de réalisation et n'est
donc plus tout à fait un projet. J'y reviendrai plus loin, c'est
un travail non définitif, pour ne pas dire infini autant du point
de vue matériel qu'en terme de discours. Ce que je fais ici est
amené à évoluer et donc à être modifié et mis à jour.
la théorie des
mondes possibles…
mots
clés ou mots associés: vrai relatif, faux relatif, frontières
et limites des mondes, territoires, territoires inconnus,
intersections, étanchéité des limites, tentative d'épuisement
de la description du carrefour...
Autant
que je la comprenne, la théorie des mondes possibles d'Hintikka
souligne que chacun de nous imagine ou traduit le monde sous des
traits définis d'une part par sa culture et d'autre part par
l'expérience qu'il a de ce monde partagé. La possibilité
d'un monde dépend de la personnalité et de l'expérience
qu'aurait l'individu du vrai monde infiniment descriptible;
indescriptible donc. On devrait dire qu'un monde (chacun se
fabrique le sien) est une déformation ou une traduction du monde
(le monde réel). Cette image est donc aussi formée par ce qui
est dit du réel. L'écrit rendu disponible dans un quotidien est
une traduction de ce réel. Ces écrits, même infiniment nombreux
ne suffisent pas à rapporter tous les témoignages, tous les
points de vue, toutes les expériences de l'événement
participant réellement au monde. Par l'intermédiaire du journal,
par l'entremise de ce qui en a été dit, le lecteur comprend,
autant que possible, ce qui s'est produit,. Il connecte cela au
stock des informations qu'il possède déjà, et sa culture se
confirme ou évolue. Recherchant plutôt la sécurité, la
confirmation du monde à l'image qu'il s'en fait, l'individu
trouve dans les témoignages écrits toutes les preuves de cette
conformation.
Les
cultures des uns et des autres ont beau tendre vers une unité,
mouvement qui désespère certains, les expériences et les
rencontres sont personnelles et toutes différentes. À cause de
l'incommunicabilité et donc à cause de l'étanchéité de cette
expérience, chacun construit une image personnelle du monde. Pour
décrire cela par d'autres moyens on pourrait employer les
mathématiques modernes. Le monde est l'ensemble: celui qui
comprend ou plutôt qui contient tout. Un monde possible est un
sous-ensemble ou pour raviver nos souvenirs une patate. Les
patates peuvent avoir des intersections, mais aussi peuvent ne pas
en avoir. A ce point de la démonstration nous avons deux options.
La première est que toutes les patates additionnées ne peuvent
former plus que l'ensemble monde. Il n'est pas certain que toutes
les patates additionnées forment un monde complet. C'est un
aparté, l'ensemble contient peut-être des territoires ou des
éléments inconnus. Il manquerait des patates ou pour le dire à
la manière de Perec il manque une pièce au puzzle. Le deuxième
option est que les patates 'descriptives' peuvent en dire plus,
beaucoup plus que ce que le monde ne dit dans sa réalité ou son
mouvement. L'idée du monde serait ainsi plus grande que le monde
lui-même. Je serais plutôt de cet avis mais pas toujours.
De
souvenir, l'article qui présentait le travail d'Hintikka abordait
cela sur le terrain de la logique. Prenons deux individus dont les
cultures sont éloignées, il est probable qu'une vérité dans le
monde de l'un n'en soit pas une dans celui de l'autre, Hintikka
suppose que ces différences définissent des mondes différents.
Ce qui est vrai pour l'un et qui n'est pas vrai pour l'autre,
existe bel et bien et défini donc un monde.
Je
vois cela comme une sorte de relativité, disons une version
simple ou version de l'homme de la rue, de la relativité.
La
découverte de cette théorie a confirmé ce que je pourrais bien
appeler "ma première plus grande rencontre dans le domaine
des idées". Cela remonte à l'étude d'un texte de ... (zut
je ne retrouve pas la référence) dont la thèse était en gros:
les mots ne servent pas à décrire le monde (le réel), mais leur
emploi forme ou réalise le monde (la réalité). Suivant cette
façon de définir ces termes, la réalité n'étant que le vécu
du réel.
Pour
dire cela, l'emploi de matériaux de seconde main
mots
clés ou mots associés: la matière, la pensée, l'idée, le
concept, l'image, le projet, déchet, cycle de vie (des humains
et des matériaux), récupérations…
Utiliser
un matériau recyclé ou de seconde main, augmente grandement mon
intérêt pour ce travail. Ce recyclage se fait d'ailleurs sur
plusieurs étages ou plusieurs fronts. Ce qui constitue
aujourd'hui ma collection de journaux est tout d'abord passé par
les mains du premier lecteur abonné au quotidien. Le lecteur
patiemment s'est formé une image du monde. Je ne dis pas que la
seule lecture du journal lui aurait permis de ce faire cette idée,
mais certainement elle y a contribué. En reprenant cette
collection et en la faisant mienne, je devient l'héritier d'une
partie, petite partie, de l'image du monde du donateur. Quelle est
la valeur de cet héritage?
Mais,
utiliser des matériaux normalement destinés au rebut contribue
aussi à l'esthétique de la chose. Si on y regarde de près les
parties sont bien imparfaites. Chacune est un peu différente de
l'autre par l'imperfection de sa forme, chacune est aussi unique
par les articles qui sont inscrits à la surface. A distance
pourtant toutes paraissent semblables du fait de leur rangement.
Dans
les défauts de son apparence, on peut comprendre que la forme que
j'ai choisi n'est ni finie dans le registre des finitions de type
peinture ou vernis ni finie en terme de temps. Et, revenons à sa
facture, il n'est pas nécessaire, parce qu'il n'est pas urgent et
surtout pas possible que cela soit parfait. Tout cela correspond
au sens de mon projet soit à l'impossibilité de décrire le
monde et la difficulté de vivre le monde.
les unités de
construction
mots
clés ou mots associés: la matière, la pensée, l'idée, le
concept, l'image, le projet,
Les
unités de base nécessaires à la construction sont des rouleaux.
Le nombre des unités est grand. Il faudrait qu'il soit le plus
grand possible. Cette quantité indique qu'il faut chercher une
signification à ce travail dans cette accumulation.
Quand
à lui, le système constructif, ou les principes d'assemblage ou
de rapprochement des unités importe peu. Dans une des premières
versions de leur présentation, les rouleaux devaient être 20
000. Dans le journal se sont plus ou moins dix pages chaque jour
qui décrivent le monde. Les 20 000 pages représentent tant bien
que mal 2 000 journées de vies, soit environ 6 années.
Ils
sont aussi nombreux que possible pour indiquer l'infini de la
tâche qui consisterait à décrire le monde. Nous savons que le
monde est en mouvement et que donc la tâche est infinie et qu'il
serait vain de croire en venir à bout. Il y a donc plusieurs
attitudes.
La
première serait me lancer dans ce travail et ne jamais
l'abandonner. Je pourrais dire que ma vie se mesure à cette
tâche. Le résultat pourrait être intéressant: intéressant par
le volume de l'œuvre. Intéressant encore parce cela
m'exonérerait du travail qui est à l'arrière plan de cela:
savoir qui je suis, ce que je fais quelle est ma contribution au
monde, à l'art, quelle est ma légitimité à réaliser quoi que
ce soit dans ces domaines.
Une
autre attitude, et c'est vers celle-là que je penche parce
qu'elle me ménage une porte de sortie, consistera probablement à
mettre en forme les matériaux accumulés jusque là et m'en tenir
à ça ou passer à autre chose. Il faut espérer que la
réalisation représentera convenablement le projet. J'en doute
souvent.
les
rouleaux
mots
clés ou mots associés: tube, rouleau, cône, spirale, pliage,
serré, pièce, unité, module…
Les
rouleaux sont des pages roulées. Rouleau est le mot que j'ai
employé dès le début. Il n'est pas vraiment vilain, mais il ne
me plait ni ne me déplait complètement.
Je
ne crois pas que le terme de rouleau convienne tout à fait. Enfin
ça n'a pas tant d'importance car si l'on regarde la chose telle
qu'elle se présente, il ne me semble pas que ce soit ce mot qui
vienne d'emblée à l'esprit et qui l'occupe finalement le plus.
Si je l'utilise volontiers c'est parce que le mot correspond aux
derniers gestes pour former l'élément. Pour être précis, c'est
d'abord un pliage, et j'ai aussi besoin d'une ligature qui
retienne l'objet dans la forme que j'ai choisi de lui donner.
la
manière de rouler les pages
mots
clés ou mots associés: lire, rouler, plier, serrer,
maintenir, tenir, compter…
La
gestuelle est celle d'un travail de manufacture. Ne répondant à
aucune commande, les cadences que je m'impose ne sont pas les
mêmes que celles subies par les travailleurs. Avec l'élan, je
trouve à ce travail répétitif quelque chose de rassurant qui me
procure un plaisir ou tout au moins une certaine tranquillité
d'esprit.
Un
autre plaisir me vient de mon perfectionnement dans la
manipulation. Pendant mon travail et grâce à la répétitivité
d'une tâche peu pénible, j'ai bien pensé travailler à la
construction d'une machine à rouler les pages. Je la voyais
pareille à une des machines fabriquée par Andrew joué par Woody
Allen dans Comédie Érotique d'une nuit d'été. Pour finir j'ai
songé que la machine nécessiterait beaucoup trop d'attention,
attention que je voulais consacrer d'avantage à la lecture.
Une
fois roulée, la page pourrait bien sûr être déroulée et être
relue ou lue ou seulement datée. Dans son état de rouleau, une
seule petite phrase est encore à peine apparente sur l'extrémité.
Des phrases coupée recomposent un texte décousu sur les autres
faces visibles.
ranger
les pages
mots
clés ou mots associés: boite, caisse, coffrage, stock,
mémoire, module, pixel, unité de mémoire…
Initialement
je voulais construire ou monter une sphère de 1,8 mètre de
diamètre, c'est-à-dire de la hauteur d'un être humain disons
plutôt grand. La surface de cette sphère aurait été constituée
des sections des rouleaux.
En
cours de réflexion, et après petits essais, cette sphère ne me
semblait plus être adaptée. Je ne parle pas seulement de la
grande taille de l'objet. Le nombre très important des sections
de rouleaux aurait pu masquer le caractère d'unicité du rouleau.
Pour confirmer cela, j'ai rangé à plat des rouleau, et au delà
d'un certain nombre, en effet, les sections s'effacent au profit
de la surface entière.
Argument
supplémentaire pour abandonner la sphère, cette forme aurait
nécessité une conicité des rouleaux. Or ils ne sont pas
coniques, j'ai envie de dire au contraire, ou si on préfère
conique à l'envers. Les rouleaux sont orientés. Une des
extrémité m'intéresse plus que l'autre. La manière dont
j'enroule la page produit une extrémité assez nette, où
s'enroule une phrase. Cette phrase correspond au pli de page avant
enroulement. Comme cette extrémité est faite de plis enroulés
plutôt que des extrémités de page, le cylindre obtenu après
enroulement est un peu plus étroit de ce coté. Et c'est ce coté
que je veux voir. Donc mon cylindre est bien un peu conique mais
dans le mauvais sens. J'aurais pu m'arranger de cette contrariété
mais étant donnée leur longueur, la différence de surface entre
deux sphères, l'une de 90 cm de rayon et l'autre de 78 cm soit
des surfaces de 10,17 et 7,64 m2 et donc une différence
de 2,35 m2. Ces vingt pour cent ne peuvent pas être
ajoutés à la conicité inversée.
Puisque
je voulais mettre l'accent sur le contenu plutôt que sur le
contenant, j'ai cherché parmi les moyens à ma disposition pour
stocker les rouleaux.
Celui
qui est présenté à la malterie pour Les couleurs du temps,
portes ouvertes des ateliers d'artistes me convient mieux ou
disons quasiment tout à fait pour la quantité de rouleaux
rassemblés dans chaque boite.
Viennent
s'ajouter d'autres questions qui me permettent de m'interroger sur
la présentation de l'œuvre.
la
présentation
mots
clés ou mots associés: le beau, l'idée, le document, mise en
scène, le transport, l'in-importance…la dissolution,
À
ce jour en septembre 04, le choix a été fait de ranger les
rouleaux, de les stocker dans des boîtes longues et hautes qui
contiendraient environ 1000 rouleaux chacune. Chaque boîte étant
indépendante, constructivement parlant, elle peut aussi être
présentée indépendamment des autres (je compte 14 boîtes).
Toutes les boites rassemblées donnent une vision plus complète
de ce que je voulais réaliser.
Par
ailleurs, l'idée d'éparpiller l'ensemble me plait aussi, et fait
envisager cette dissolution comme un retour aux mots, aux faits,
aux gens qui habitent et font le monde. Cette solution me fait
penser aussi à l'histoire du peintre en aquarelle racontée par
Georges Perec dans "la vie mode d'emploi". Cet
éparpillement n'est toutefois pas total et chaque boite renvoie
aux autres. Un lien est établi qui permet à partir d'une unité
de songer à l'ensemble. Mais aussi, la possibilité de diviser
l'ensemble lui permet de prendre des proportions raisonnables et
de trouver place chez tous ceux qui le voudraient.
Pendant
Les couleurs du temps, portes ouvertes des ateliers d'artiste
en octobre 2004 j'ai présenté ces rouleaux dans leurs
boites, dressées et appuyées contre les solives qui soutiennent
le plafond de mon atelier d'alors. L'espace était vide et la
disposition des conteneurs était élégante mais. En éparpillant
les objets il ne semblait pas évident d'en mesurer la quantité.
Ces remarques m'ont donné envie de continuer et quand j'ai remisé
ce travail, pour la première fois, j'ai organisé cela pour ne
prendre que le minimum de place dans mon atelier. C'est cette
manière de présenter les rouleaux que je choisirai pour une
prochaine fois.
lire
les pages
mots
clés ou mots associés: rapport, veille, observatoire…
Avant
d'ouvrir mon premier journal, j'avais commencé par regarder lire
un de mes oncles. Il passait beaucoup de temps plongé dans les
colonnes d'un quotidien. Je l'admirais parce que cette lecture
avait toujours représenté une activité noble et sage
quotidiennement renouvelée, insatiable. Cet oncle me plaisait
aussi par sa belle personnalité. J'ai sans doute confondu cela
avec l'idée que je me faisais de la lecture du journal.
J'ai
commencé à ouvrir, seulement ouvrir même pas feuilleter les
pages du quotidien et par un effet de snobisme j'y trouvais mon
compte déjà. Plus tard j'ai eu besoin de faire une recherche et
j'ai alors pensé récupérer des collections du quotidien. Depuis
mon entourage, j'ai reçu des piles de journaux empaquetés. Ce
que je cherchais dans le papier pouvait s'arranger de n'être pas
de la plus grande fraîcheur. Le fait d'avoir collectionné et
empilé les quotidiens mettait en désordre les calendriers des
événements. ça me permettait d'entendre un morceau d'histoire
non pas dans sa continuité ou son enchaînement logique mais de
le regarder par plusieurs entrées temporelles à la fois.
sans
titre
mots
clés mots associés le mot, l'objet, la liberté de l'objet,
la liberté du sujet,
Si
je ne donnais aucune indication, l'objet se trouverait-il plus
libre?
Pour
revenir à la question précédente, peut-être même dans sa
version nommée "les mondes possibles" l'objet est-il
moins libre que je ne le crois. Je veux dire que j'ai beau
prétendre soutenir par cette construction, la fameuse théorie
des mondes possibles, il est très probable que je n'ai pas
compris cette théorie. Et si même, alors que je n'y ai pas
tellement travaillé, je l'avais bien comprise, disons
intuitivement, il est aussi probable que des motivations autres
sont cachées par cette explication. Si je reprenais ici les mots
clés auxquels je pense au sujet de ce travail, je pourrais
constater qu'ils ne participent pas tous à la signification
accordée.
Je
me suis volontairement encombré des mots à un moment où je
n'avais pas l'espace nécessaire pour fabriquer l'objet. Ceci dit
j'ai bien du mal à rassembler maintenant les mots qui me sont
venus et encore plus à les transmettre. Il est certain que ceux
qui se trouveront face aux objets auront des mots. Ce carnet me
permet d'ordonner les pensées mélangées et quelques fois
confuses, et souvent à géométries variables qui me sont venues
en travaillant et surtout en parlant.
Avez-vous
déjà remarqué comme nos pensées ou nos idées nous semblaient
tellement plus lumineuses avant de l'avoir formulées? Et l'écart
est encore plus grand quand la formulation est écrite. En effet
la conversation agrémentée de son propre ton convaincant et
soutenue par les regards de l'interlocuteur, particulièrement si
celui-ci est poli, laisse croire, par défaut d'une mémoire
parfaite, à celui qui s'épanche qu'il atteint son but. Tout cela
posé sur le papier ne résiste pas à l'étude.
Quoiqu'il
en soit, pour donner des mots il n'est pas absolument nécessaire
qu'ils aient un rapport, qu'ils soient une traduction pour qu'ils
produisent du sens. C'est une technique connue que de proposer un
mot, voire même c'est plus intéressant que ce mot n'ait rien à
voir pour produire du sens. Par exemple, si je dis d'un carré
blanc qu'il est blanc, il est plus que probable que dans l'esprit
de celui qui lit ou entend ce mot ça ne provoque qu'un "oui"
sans conséquences. Alors que si je dis ou place auprès de ce
carré blanc le terme de table, il est plus que probable que
l'esprit cherchera à trouver une relation: la table est-elle
vide, rase, et la table serait vide de quoi, et que trouve-t-on
sur la table qui n'y est pas ici?
abstrait
ou exprès?
mots
clés ou mots associés: intention, autobiographie,
déterminisme…
En
l'absence de la moindre explication, on pourrait donc bien dire de
ce travail qu'il se présente comme abstrait. Suffit-il de le
déclarer pour qu'il en soit ainsi? En général d'ailleurs, un
objet peut-il être abstrait de premier abord et par projection se
charger d'autre chose et quitter son abstraction? Peut-il être
abstrait pour les uns et pas pour les autres?
Tous
les objets ne doivent-ils, et peuvent-ils faire autrement que,
passer au crible de nos catalogues personnels pour être reconnus,
identifiés, mis en mémoire? S'ils ne peuvent pas faire
autrement, l'abstraction existe-t-elle? L'idée de définir s'il
s'agit d'abstrait ou d'exprès revient à poser la question:
quelle est la part d'intentionnalité de l'oeuvre ou plutôt de
l'auteur.
Qu'en
pensez-vous?
Ce
qui m'amuse aussi avec cet "abstrait ou exprès ?"
est, que mentionnant ces termes, je semble donner un choix et vous
fais donc penser qu'il n'en existerait pas d'autre.
En
rapprochant ces termes, j'ajoute une valeur au second en le
faisant entrer dans l'univers du premier. L'exprès est à
priori un terme banal. Mais ce n'est pourtant pas un terme simple,
on le comprend si on prend la peine de le regarder par dessus
l'épaule de l'abstrait. C'est justement ce qu'invite à faire son
emploi dans un domaine qui lui est normalement étranger où
l'exprès est opposé à l'abstrait et inversement.
En
réalité ce travail est plutôt à classer dans le domaine
conceptuel. Est-ce un domaine par défaut?
Du
côté de l'nfra-ordinaire comme dirait Perec
mots
clés ou mots associés: l'ordinaire, l'infra-ordinaire, la
vie, la répétition, le montage et le démontage d'une œuvre tel
le mythe de Penelope raconté par Georges Perce dans "la vie
mode d'emploi"
Ce
dimanche je causais de ce que j'avais placé dans la chose et ce
qui d'après mes interlocuteurs ne s'y voyait pas tant que ça.
Les visiteurs curieux et volontaires me questionnaient et je
tentais de les rassasier en énonçant mes intentions. Ça ne
suffisait pas, et après avoir tourné en rond nous étions bel et
bien perdus.. Je dois tout de même faire ici cet aveu de
faiblesse, je suis conscient de cette faiblesse que je regrette
pour partie mais que j'accepte. Bref, un brin essoufflé je me
suis rappelé de "la vie mode d'emploi" . Du coup me
revenaient plusieurs lectures: l'infra ordinaire, espèces
d'espaces…qui ne sont pas sans rapport avec ce travail. Dans la
vie mode d'emploi il y a beaucoup à comprendre du personnage
principale: celui qui apprends l'aquarelle, qui fait monter ces
tableaux en puzzle, qui reconstruit les images mises en morceaux
et qui fait détruire l'aquarelle ainsi reconstruite. Je comprends
là dedans l'idée que ce que nous faisons n'a que peu de sens.
J'y vois une invitation à abandonner toute suffisance, à vivre
plus humblement et à accepter les bonheurs de l'infra ordinaire.
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